L’histoire des idées politiques s’est longtemps résumée au commentaire savant de grands penseurs ou de grandes questions éternelles. Partout dans le monde, les entreprises de refondation se sont pourtant multipliées depuis les années 1970, portées par des approches parfois divergentes, mais s’accordant sur la nécessité de ne pas traiter les idées comme des objets désincarnés. Étrangement, ces développements n’ont eu, encore récemment, que peu de retentissement en France.
C’est à cette situation que remédie cet ouvrage. Disséquant les apports d’écoles consacrées (école de Cambridge, sémantique historique allemande, généalogie foucaldienne, histoire sociale des idées politiques bourdieusienne, etc.) et mettant en perspective des thématiques particulières (idées et milieux populaires, idées et décision publique, etc.), il offre des réponses à des questions essentielles : qu’est-ce qu’une idée politique ? Les idées politiques sont-elles le fruit du seul génie créateur de leurs auteurs ? Gouvernent-elles le monde ?

Arnault Skornicki est maître de conférences en science politique à l’université Paris-Ouest-Nanterre, membre de l’ISP (Institut des sciences sociales du politique). Spécialiste d’histoire sociale des idées politiques et économiques aux XVIIIe-XIXe siècles, il est notamment l’auteur de L’Économiste, la cour et la patrie. L’économie politique dans la France des Lumières (CNRS Éditions, 2011).

Jérôme Tournadre est chargé de recherche CNRS à l’ISP (Institut des sciences sociales du politique, CNRS/université Paris-Ouest/ENS Cachan). Spécialiste de sociologie des intellectuels, des idées politiques contemporaines et des mouvements sociaux, il a publiéAu-delà de la gauche et de la droite, une troisième voie britannique ? (Dalloz, 2006) et Après l’apartheid. La protestation sociale en Afrique du Sud (PUR, 2014)

Introduction / « Ancienne » et « nouvelle » histoire des idées politiques
I / L’« école de Cambridge » et le contextualisme

Les mythologies de l’histoire des idées traditionnelle
La méthode contextualiste
Pocock, les paradigmes et les traditions – Quand penser, c’est agir (Q. Skinner) – Le contextualisme en débats
L’école de Sussex
II / Nouvelles approches en histoire des concepts politiques
Reinhart Koselleck et l’histoire des concepts en Allemagne
Le projet d’un dictionnaire des concepts sociopolitiques – Begriffsgeschichte et histoire sociale – Qu’est-ce que la sémantique historique ?
Le renouveau en Italie et en France
La généalogie de Foucault : une histoire de la raison politique
Le tournant linguistique et l’histoire des idées politiques
Histoire langagière et histoire conceptuelle du politique (J. Guilhaumou, P. Rosanvallon) – De l’histoire sociale à celle des langages politiques (G. Stedman Jones)
III / L’histoire sociale des idées politiques
Sociologie de la connaissance et politique
Les habits neufs de la sociologie des idées (Ch. Camic, N. Gross)
Le renouveau marxiste : l’histoire sociale de la théorie politique (N. Wood et E. Meiksins Wood)
L’histoire sociale des idées politiques en France
Bourdieu, le champ intellectuel et la politique – La longue chaîne de production des idées – Profaner l’histoire des idées
IV / La nouvelle histoire des idéologies
Idéologie et société
La tradition marxiste – La nouvelle histoire culturelle et les représentations collectives (G. Duby, R. Chartier) – Doxa et idéologie dominante (P. Bourdieu et L. Boltanski, L. Pinto)
Comment les masses s’emparent des idéologies
Le pouvoir des mots, la faute à Rousseau ? Lecteurs et récepteurs – Le peuple et ses idées
V / La mise en politique des idées
Le travail d’importation des idées en politique
Idées et politique publiques
Un savoir très politique : les « sciences de gouvernement »
Discours savants, discours militants
Conclusion
Repères bibliographiques.